Aménagement

Valdelia : « La décision d’achat est le seul point bloquant au réemploi du mobilier professionnel »

Par Alexandre Foatelli | Le | Mobilier & équipements

Moins médiatisé et mis en avant que les performances énergétiques des immeubles, le recyclage et le réemploi du mobilier professionnel représente un enjeu d’économie circulaire de l’immobilier de bureau. Arnaud Humbert-Droz, président exécutif de l’éco organisme Valdelia, dresse pour Républik Workplace Le Média un état des lieux de la filière, précise les freins qui demeurent et livre ses perspectives de développement.

Valdelia : « La décision d’achat est le seul point bloquant au réemploi du mobilier professionnel »
Valdelia : « La décision d’achat est le seul point bloquant au réemploi du mobilier professionnel »

Lors de la création de la filière Valdelia en 2012, l’objectif était d’atteindre un taux de valorisation du mobilier professionnel de 75 % à horizon 2017. Où en êtes-vous aujourd’hui ?

En attendant la finalisation de nos données pour l’année 2021, nous estimons un atterrissage autour de 77-78 %. Il faut rappeler que le taux de 75 % a été atteint relativement rapidement, car les matériaux utilisés principalement pour le mobilier professionnel (bois, métaux) sont aisément recyclables.

Si ce taux de valorisation a vite été dépassé et se stabilise, nous souhaitons augmenter le taux de réemploi et de réutilisation des mobiliers professionnels. Actuellement, celui-ci est de 3 % des volumes collectés, et nous espérons atteindre le seuil des 5 % le plus rapidement possible, à horizon 2023.

Pourquoi le seuil de valorisation légèrement inférieur à 80 % semble-t-il être un « plafond de verre » ?

Tout simplement car certains produits ne permettent pas d’être recyclés à 100 %. Cela est dû à la manière dont ils ont été conçus. Tout l’enjeu réside donc dans le fait de penser aux conséquences environnementales dès la conception d’un produit, en ayant une réflexion globale sur son cycle de vie, tout en assurant sa performance ; c’est ce que l’on appelle l’éco-conception. À mesure que de plus en plus de produits éco conçus seront mis sur le marché, le taux de valorisation devrait progresser.

Concernant le réemploi, quels sont les freins qui demeurent ?

La décision d’achat ! C’est le seul point bloquant au développement du réemploi. Il faudrait que les commandes de mobilier intègrent une clause pour qu’une part des meubles soient issus du réemploi. La réglementation va d’ailleurs dans ce sens depuis le 1er janvier 2022, avec la Loi AGEC (Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire), qui impose aux acheteurs publics d’intégrer dans leurs commandes au moins 20 % de produits issus du réemploi ou de la réutilisation, ou encore intégrant des matières recyclées dans leurs commandes.

À l'échelle de la filière Valdelia, nous sensibilisons au quotidien nos parties prenantes pour développer et mettre en place des actions concrètes aux impacts positifs et durables pour l’environnement sur les territoires. Nous avons par exemple un service dédié à l’innovation qui accompagne nos adhérents pour développer des projets autour du réemploi et de réutilisation des mobiliers professionnels. Ces pratiques sont assez nouvelles, mais on constate un réel engouement pour celles-ci. Il est nécessaire de faire de la formation et de la pédagogie pour promouvoir les achats circulaires.

Plusieurs reportages récents ont pointé du doigt les fausses promesses du recyclage des déchets ménagers. Comment votre filière peut être assurer la traçabilité et la bonne conduite du recyclage au niveau des mobiliers professionnels ?

Je pense qu’il faut arriver à prendre de la hauteur par rapport à ce genre de reportages et plutôt réussir à comprendre comment fonctionne réellement la gestion des déchets, qui sont les acteurs, à quelles règlementations ils sont soumis et quels sont leurs enjeux. Lorsque vous remettez vos mobiliers en fin de vie à Valdelia, par exemple, vous obtenez une traçabilité complète des mobiliers, de la collecte au recyclage, ainsi qu’un traitement conforme à la réglementation. Une remise d’attestation assure ainsi une transparence totale sur le cheminement et le traitement des mobiliers confiés. Par ce biais, le détenteur de déchets peut devenir acteur de la qualité de leur traitement.

Avez-vous des perspectives de développement particulières ?

L’actualité phare du moment est que Valdelia se positionne sur la filière REP Bâtiment. C’est-à-dire que l’éco-organisme souhaite collecter et recycler les produits et matériaux de construction du bâtiment (PMCB). L’idée est de compléter notre dispositif, étant donné que les deux filières (des mobiliers professionnels et du bâtiment) sont complémentaires, puisque nous intervenons déjà sur chantier. Notre idée est d’offrir aux acteurs du bâtiment une solution clé en main de collecte et de traitement des déchets du bâtiment.

Notre second sujet d’actualité porte sur les territoires ultra-marins. En effet, nous travaillons à améliorer les dispositifs de collecte et de recyclage pour que le niveau de service en matière de valorisation et de réemploi des mobiliers professionnels dans ces territoires se rapproche de celui de la métropole.