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Baromètre Phygital Workplace 2025 : les enjeux persistants du travail hybride et de l’usage de l’IA


Dans son Baromètre Phygital Workplace 2025, Julhiet Sterwen fait le point sur la place occupée par l’intelligence artificielle dans les pratiques professionnelles. En outre, l’étude illustre les fragilités du travail hybride, qui tournent toujours autour de l’adaptation du management à cette donne.

Baromètre Phygital Workplace 2025 : les enjeux persistants du travail hybride et de l’usage de l’IA
Baromètre Phygital Workplace 2025 : les enjeux persistants du travail hybride et de l’usage de l’IA

À peine remis (peut-être même pas totalement) de la petite révolution des formes d’organisation du travail avec la généralisation du travail hybride, les entreprises ont dû faire face à l’arrivée en force de l’intelligence artificielle (IA), qui bouscule l’expérience collaborateur. Mené par Julhiet Sterwen et l’Ifop auprès de 1 000 salariés d’entreprises de plus de 1 000 salariés, le Baromètre Phygital Workplace 2025 dresse un état des lieux de l’usage de l’IA dans les entreprises. Les résultats montrent aussi que le modèle hybride, bien que normalisé, est toujours confronté à certaines limites.

Travail hybride : un modèle adopté, mais encore fragile

Désormais devenu la norme pour trois quarts des grandes entreprises, le travail hybride continue de marquer une ambivalence entre collaborateurs et managers. Alors que 80 % des collaborateurs y sont favorables, séduits par la flexibilité qu’il apporte, du côté des managers, les défis restent importants. 64 % des managers déclarent peiner à identifier les difficultés rencontrées par leurs équipes à distance, à évaluer leur charge de travail ou à maintenir la cohésion et 55 % estiment que l’information circule mal dans les environnements hybrides. Les rituels managériaux doivent donc évoluer vers plus d’écoute, de proximité et de réactivité.

À l’horizon 2030, Julhiet Sterwen estime que les trois qualités les plus attendues chez un manager seront la capacité à intégrer les nouvelles technologies, à s’adapter aux différentes générations, et à faire preuve d’empathie. Le management ne se résume plus à fixer des objectifs : il doit fédérer, accompagner et créer du lien.

Cependant, ce modèle entraîne aussi des conséquences globales, comme la diminution des interactions informelles qui affaiblit les liens entre collègues. À ce sujet, les collaborateurs réclament une meilleure qualité des réunions hybrides, plus de clarté sur les règles de télétravail et une flexibilité horaire accrue.

« Le modèle hybride est désormais incontournable et non négociable pour les collaborateurs(trices). Pour l’heure, il pose toutefois un certain nombre de défis, notamment en termes d’organisation, de cohésion et d’efficacité. Il ne peut réussir qu’à condition d’être structuré, soutenu et adapté aux réalités du terrain », souligne David Gautron, Partner Employee Experience chez Julhiet Sterwen.

IA : des usages collaborateurs en avance sur les stratégies d’entreprises

L’usage de l’intelligence artificielle est déjà une réalité pour près de quatre salariés sur dix, qui l’intègrent à leurs pratiques professionnelles, souvent via des outils personnels. Pourtant, seules 30 % des entreprises ont structuré un déploiement d’outils d’IA, et près d’un tiers prévoit de le faire prochainement. Ce décalage crée un flou dans les usages, avec des risques pour la sécurité, la cohérence et la performance collective.

Bien que l’IA soit bien perçue par les salariés, qui y voient un levier de productivité, d’automatisation et de créativité, seuls 20 % des salariés se considèrent bien formés parmi ceux ayant reçu une formation, tandis que 50 % estiment leur niveau encore très basique. Chez les managers, la situation est ambivalente : 79 % de ceux qui utilisent l’IA sont formés au prompting, mais 42 % estiment avoir encore besoin de progresser. Du côté des collaborateurs, seuls 42 % sont formés à l’IA, et souvent de manière superficielle.

« 40 % des salariés utilisent déjà l’IA dans leur quotidien professionnel, mais sans stratégie d’entreprise clairement définie. Il y a urgence pour les entreprises à structurer et sécuriser ces pratiques. Il ne suffit pas d’initier les usages de l’IA. Il faut accompagner durablement les équipes pour en faire un levier collectif de création de valeur », alerte Ludivine Montaudoin, directrice Modern Workplace et IA chez Julhiet Sterwen.

Horizon 2030 : des environnements de travail plus souples et une IA plus encadrée et responsable

Alors que les attentes en matière de personnalisation du travail explosent, près d’un salarié sur deux anticipe une montée en puissance des besoins différenciés selon les rythmes, lieux et modalités de travail. Ainsi, les jeunes générations impulsent de nouveaux usages : 17 % des moins de 35 ans privilégient déjà les tiers-lieux ou les espaces de coworking, en quête de souplesse, d’autonomie et de lien social.

De leur côté, 4 managers sur 10 anticipent une réduction des surfaces physiques au profit d’espaces de socialisation renforcés, afin de cultiver l’esprit d’équipe dans un cadre plus modulaire. L’objectif n’est plus seulement d’optimiser les mètres carrés, mais d’imaginer des environnements modulaires et évolutifs, capables de s’adapter aux usages réels et aux attentes différenciées des équipes.

« Les entreprises ne pourront pas se contenter d’adapter leurs espaces de travail : elles devront concevoir une expérience globale, qui allie flexibilité, responsabilité environnementale et lien humain. C’est cet alignement qui fera la différence en 2030 », indique David Gautron.

Les collaborateurs expriment une volonté claire d’environnements plus connectés… mais surtout plus durables et encore plus modulaires. Près de la moitié d’entre eux citent notamment la construction de bâtiments autonomes en énergie comme une priorité, tandis que 40 % estiment aussi que l’optimisation des coûts devra s’accompagner d’un effort pour rendre les espaces plus attractifs. L’autre différence qui va primer pour 2030 selon les enseignements de l’étude, c’est l’approche par rapport à l’IA. Pour un tiers des managers, les enjeux clés en 2030 seront de garantir une utilisation éthique et transparente de l’IA.

Le Baromètre Phygital Workplace 2025 montre combien l’intelligence artificielle et le travail hybride imposent une reconfiguration des modes de collaboration, des espaces de travail et des pratiques managériales. Pour en tirer pleinement parti, les entreprises ont plusieurs leviers à leur disposition : renforcer les compétences, adapter les environnements de travail, réinventer le leadership et garantir une gouvernance technologique responsable…