Les Arches Citoyennes, le plus vaste tiers-lieu solidaire de Paris, est inauguré

Le patrimoine immobilier de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) n’en finit plus de se réinventer. À l’instar de l’Hôtel-Dieu, où Novaxia développe un incubateur de startups Biotech/Medtech dans un écrin mixte (résidence sociale étudiante, crèche, restauration…), l’ancien siège de l’établissement public entame sa transformation.

Dans le courant de cette opération, les bâtiments sont investis par des artistes, artisans, associations et structures de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) issus de toute l’Ile-de-France jusqu’à l’été 2024 afin de faire vivre le lieu et inventer de nouveaux usages, préfigurant l’installation des Hospitalités Citoyennes, la forme finale du projet, à l’horizon 2027.

Les Arches en attendant les Hospitalités Citoyennes

L’histoire du projet remonte à juin 2021 lorsque l’AP-HP lance une consultation pour la transformation de son QG historique, situé dans le 4^e arrondissement de Paris face à l’Hôtel de Ville, peu de temps avant son déménagement sur le site de l’hôpital Saint-Antoine dans le 12^e arrondissement. Une démarche prise à l’occasion de l’appel à projets Réinventer Paris 3. Un an plus tard, le groupement porté par BNP Paribas Real Estate, avec Apsys et RATP Solutions Ville est désigné pour mener à bien cette opération.

Le projet associe également les architectes DPA - Dominique Perrault, h2o, Martinez Barat Lafore, Nicolas Dorval Bory et l’Atelier Roberta (paysagiste). L’ensemble immobilier de près de 30 000 m² composé de deux îlots nommés Victoria et Saint-Martin fait l’objet d’un bail à construction de 80 ans. Le groupement ambitionne de développer sur ce projet, baptisé Hospitalités Citoyennes, le premier « immeuble à mission » de Paris au sein duquel les valeurs de soin, de solidarité et de sobriété prévaudront.

Une initiative qui aspire à renforcer la mixité sociale, tout en mettant l’accent sur la mixité fonctionnelle, avec la création de logements ergonomiques, de bureaux conçus pour s’adapter aux nouveaux modes de travail et, au rez-de-chaussée, de commerces et de services. Ainsi, Hospitalités Citoyennes hébergera des familles et des populations vulnérables dans un environnement aujourd’hui dominé par les bureaux. S’il vise à transformer profondément l’ancien siège de l’AP-HP, le projet préserve néanmoins l’histoire plus que centenaire du bâtiment en mettant en œuvre une réhabilitation par le biais d’interventions ponctuelles. Les premiers logements d’Hospitalités Citoyennes seront livrés en 2027.

« Le projet de restructuration de l’ancien siège de l’AP-HP porte la conviction forte de faire se côtoyer différents publics et usages dans un seul et même lieu. C’est aussi le projet d’une architecture conçue pour la ville qui s’exprime à travers la diversité de services, de commerces et d’activités pour tous », souligne François Agache, directeur général Développement et Opérations de Apsys.

Dès qu’ils ont été désignés lauréats, le groupement a souhaité mettre en place d’une phase d’occupation transitoire destinée à occuper les espaces et à exploiter au maximum toutes les possibilités du site jusqu’à la livraison. Ainsi, jusqu’à l’été prochain, les bâtiments Victoria et Saint-Martin sont investis par les Arches Citoyennes, un tiers-lieu qui a pour objectif de faire vivre cet espace et faire émerger de nouveaux usages. À cet effet, 444 artistes, artisans, associations et structures de l’ESS occupent les étages de l’ancien siège de l’AP-HP. Coordonnée par Plateau Urbain, en partenariat avec Vraiment Vraiment, cette phase vise à préfigurer et amorcer les usages et programmes du futur projet.

À cette fin, les espaces en rez-de-chaussée de l’îlot Victoria - La Reprographie (un espace accueillant expositions et événements culturels et associatifs), un café-restaurant et une Centrale des Mobilités (réunissant des acteurs du vélo) ainsi que la cour aménagée - accueilleront différents publics au quotidien et lors des événements proposés par une programmation singulière. Le rez-de-chaussée de l’îlot Saint-Martin accueille quant à lui des ateliers ouverts sur l’espace public de créateurs, artistes et artisans, ainsi qu’une vitrine pour mettre en valeur les œuvres et créations. Cet espace et les usages qui y seront opérés permettront d’amorcer les usages futurs de l’ensemble immobilier.

« Le projet des Arches Citoyennes accompagne la transformation d’un patrimoine architectural et humain pour incarner durablement les valeurs de soin, de solidarité et de sobriété. Ce tiers-lieu d’ampleur a vocation à accueillir tous ceux qui vont donner vie à cet immeuble à mission, au cœur de Paris ! », se réjouit Séverine Chapus, directrice générale déléguée des activités de Promotion de BNP Paribas Real Estate.

« Nous sommes enthousiastes de proposer dans le cadre du projet temporaire, notre concept de Centrale des Mobilités dédié au vélo afin de favoriser l’usage de cette mobilité douce. Outre des services de vente, de location et réparation, l’objectif est d’accompagner tous les publics dans l’utilisation de ce mode. Elle constituera pour nous les prémices de la Centrale des Mobilités qui sera installée au sein du projet pérenne Hospitalités Citoyennes », abonde Valère Pelletier, directeur général de RATP Solutions Ville

Lieux de travail solidaires

Les Arches Citoyennes abrite deux types de structures différentes. Dans une large majorité, il s’agit de structures qui ont leur espace de travail dans le bâtiment, mais dont l’activité ne nécessite pas un accueil de public sur site. L’activité d’une partie des structures restantes est intrinsèquement liée au contact avec un public extérieur et une répartition des espaces plus spécifique a été réfléchie pour créer des ponts entre l’intérieur des Arches et la ville.

« Le projet des Arches Citoyennes est un symbole fort de la place, désormais considérée comme essentielle, de la préfiguration dans le processus de production de la ville. Par sa dimension et sa localisation, Plateau Urbain espère pouvoir faire rayonner l’utilité de ces programmes hybrides et accessibles dans les métropoles denses. Nous souhaitons réaffirmer après les Grands Voisins que nos villes ont toujours autant besoin de ces espaces de respiration pour accueillir le plus grand nombre et expérimenter de nouvelles pratiques afin de venir nourrir les manières de produire une ville raisonnée et solidaire », expose Simon Laisney, directeur et fondateur de la coopérative Plateau Urbain.

L’objectif principal de ce tiers-lieu est donc de permettre à des structures franciliennes n’ayant pas les ressources du marché de l’immobilier classique d’accéder à des espaces de travail au centre de Paris à un prix abordable. Pour ce faire, trois niveaux de redevance bien en deçà des prix pratiqués à Paris sont proposés (HT ou TTC selon le profil fiscal de la structure) : au prix soutien de 37,5 €/m²/mois ; au prix solidaire dit « classique » de 20 €/m²/mois ; et au prix solidaire de 10 €/m²/mois. Le prix soutien, à destination des entreprises et structures avec un niveau de maturité économique supérieur, permet de participer à la stabilité financière du projet. Un grand nombre de structures paient 20€/m²/mois, correspondant à la redevance d’équilibre projet. Enfin, la redevance solidaire est proposée à des structures d’action sociale domiciliées en Quartier Prioritaire de la Ville (QPV) et agissant dans ces quartiers.