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Baromètre Phygital Workplace 2024 : le travail hybride s’impose, malgré des enjeux persistants

Par Alexandre Foatelli | Le | Modes de travail

Pour la 8e année consécutive, Julhiet Sterwen, cabinet de conseil en stratégie, transformation et innovation, publie son Baromètre Phygital Workplace, réalisé avec l’Ifop. Les résultats de cette édition démontrent que le travail hybride s’impose durablement, bien que des marges de progrès demeurent.

84 % des répondants au Baromètre Phygital Workplace voient un impact positif au travail hybride - © Getty Images/iStockphoto
84 % des répondants au Baromètre Phygital Workplace voient un impact positif au travail hybride - © Getty Images/iStockphoto

En analysant l’évolution de la perception des salariés en matière d’organisation, de management, d’outils et d’environnement de travail, le Baromètre Phygital Workplace du cabinet Julhiet Sterwen, réalisé avec l’Ifop, « permet aux directions des entreprises et aux managers de détecter à la fois des points de vigilance et des leviers pour réussir leurs transformations dans la durée », comme le souligne Julien Lever, DGA de Julhiet Sterwen.

La 8e édition du baromètre confirme que le travail hybride se généralise et est perçue positivement par les collaborateurs et les managers. Cependant, sa mise en œuvre suscite encore quelques points de vigilance, sur les environnements de travail et les outils notamment.

Implémentation réussie du modèle hybride

Premier enseignement de l’étude : l’hybridation s’est inscrite de manière durable dans l’aménagement du travail. En effet, 84 % (vs. 73 % en 2023, +11 pts) des répondants hybrides y voient un impact positif, en réponse à leurs besoins, notamment au regard de la répartition vie privée/vie professionnelle.

L’hybridation triomphante  - © Julhiet Sterwen
L’hybridation triomphante - © Julhiet Sterwen

Cette tendance est encore plus marquée pour les managers. Seuls 4 % des managers estiment que le travail à distance a un impact négatif sur leur productivité, et 53 % (+15 points) d’entre eux font même de l’hybridation un critère déterminant lors du processus d’embauche. Un parti-pris marqué des managers assez inédit selon le baromètre, et qui se place à l’opposition des récents messages diffusés par plusieurs entreprises, allant vers une volonté de retour systématique au bureau. Cette donnée tranche avec celles du précédent baromètre, où la moitié des managers estimait que l’hybridation du travail rendait plus complexe le management d’équipe.

Le sujet de l’équilibre pro/perso passe par la flexibilité. Cette dernière se traduit au niveau des horaires quotidien, pour 54 % des collaborateurs, qui leur permet d’aménager leurs journées plus facilement. En revanche, ils sont encore nombreux à souligner que cette flexibilité n’est pas au rendez-vous pour le choix des jours à distance ou dans les locaux de l’entreprise, puisque seuls 14 % peuvent en bénéficier.

La métamorphose des managers

Deux tiers des managers interrogés (66 %) ressentent l’impact du modèle hybride. Pour ¾ des managers répondants, de nouvelles façons de superviser leurs équipes en découlent. D’ailleurs une majorité écrasante d’entre eux (92 %) déclare être désormais à l’aise dans ce modèle hybride, pourtant récent à l’échelle de nos organisations. Cette aptitude est saluée par leurs équipes, puisque 77 % des répondants indiquent que leurs managers sont à l’aise dans ce nouveau rôle hybride. Le baromètre note au passage que 29 % des managers réclament néanmoins des formations spécifiques pour apprendre à mieux gérer le travail hybride.

Par ailleurs, Julhiet Sterwen relève un important changement de paradigme : pour la première fois depuis huit éditions du baromètre 54 % des responsables interrogés mettent en avant l’écoute, l’accompagnement et la confiance comme qualités principales d’un bon manager. Le fameux manager contrôlant et directif semble enfin perdre du terrain.

Les défis managériaux  - © Julhiet Sterwen
Les défis managériaux - © Julhiet Sterwen

Un tiers des managers estiment que leur rôle évolue pour favoriser la collaboration et l’autonomie des équipes : ils endossent un nouveau rôle, celui de coach. Ils doivent être capables de comprendre et de répondre aux besoins et attentes des nouvelles générations de travailleurs, mais aussi de créer un environnement de confiance et de collaboration où chaque membre de l'équipe se sent valorisé et soutenu. Ce défi réclame de renforcer ou de développer de nouvelles compétences en leadership et en communication, notamment la fameuse écoute.

Comment dompter l’infobésité ?

Malgré un avis d’ensemble positif à l’égard du modèle hybride, des leviers restent à actionner pour contourner certains écueils. Parmi ces derniers, 45 % des collaborateurs voient leur nombre de mails augmenter, générant une « surcharge électronique » pouvant rapidement devenir écrasante, entraînant une difficulté à trier et à traiter efficacement les informations importantes. En outre, plus de la moitié (52 %) des répondants estime que la fréquence des réunions impacte leur productivité. Celles-ci consomment un temps précieux, laissant moins de place à la réflexion et la réalisation de tâches essentielles.

Infobésité, réunionite  les maux du travail hybride  - © Julhiet Sterwen
Infobésité, réunionite les maux du travail hybride - © Julhiet Sterwen

Les risques de l’hyper-connexion liés au travail à distance, tout comme la multiplication des réunions en visio et la perte de lien social, questionnent régulièrement la qualité de vie au travail du modèle hybride et font planer l’ombre de risques psychosociaux (RPS). Les responsables RH et les managers doivent être sensibilisés à ces problématiques et mettre en place de mesures préventives. Une attention particulière doit être portée aux 41 % des collaborateurs qui se sentent isolés. À ce titre, l’approche managériale est plus importante que jamais. Par exemple, la mise en place de rituels d’équipe permet de retrouver des repères réguliers, tandis que la sacralisation de moments d’échange, le partage rythmé d’informations pertinentes constituent également des pistes à explorer

Environnements & modes de travail en quête de repères

Pour favoriser l’efficacité, la créativité comme la concentration, travailler à domicile reste le lieu idéal pour la majorité des répondants. Il semble donc assez logique que 59 % des managers estiment difficile de faire revenir leurs équipes au présentiel. Cependant, des leviers existent, et se renforcent même : l’attrait de la dimension sociale, la perception d’une meilleure efficacité interpersonnelle, l’attractivité d’un matériel performant.

Attraits et activités du bureau et du domicile - © Julhiet Sterwen
Attraits et activités du bureau et du domicile - © Julhiet Sterwen

Par ailleurs, 94 % des collaborateurs souhaitent évoluer dans un environnement de travail éco-responsable, ce qui constitue donc une des pistes d’améliorations possibles pour encourager un retour partiel sur site selon le baromètre. Les entreprises ne s’y sont pas trompées, étant donné que 71 % d’entre elles se sont déjà engagées sur cette voie.

Par ailleurs, l’adoption des outils de travail collaboratif est un défi majeur pour de nombreuses entreprises en pleine transformation numérique. Ces dernières en son pleinement consciente : 82 % des collaborateurs se déclarent équipés, et 87 % indiquent avoir été accompagnés lors de la prise en main. L’enjeu phare se situe donc à plus long terme. Par exemple, 35 % des répondants ne voient pas de gain productivité.

Déploiement du Digital Workplace  - © Julhiet Sterwen
Déploiement du Digital Workplace - © Julhiet Sterwen

Une disparité entre la disponibilité des outils et leur efficacité perçue mettant en lumière un défi majeur : celui de maximiser le potentiel des technologies de la Digital Workplace. L’émergence d’une nouvelle vague technologique vient encore renforcer ce sujet : l’intelligence artificielle. Ainsi, 40 % des répondants affirment disposer d’IA générative… quand seulement 18 % y voient une utilité quotidienne.

À la lumière de ces résultats, Julhiet Sterwen considère que cette année marque un point de bascule dans l’hybridation. Largement généralisée et adoptée par les collaborateurs et leurs managers, elle touche désormais l’ensemble des dimensions : organisation, management, environnement de travail et outils. C’est donc une période cruciale qui se joue pour les organisations, alors même que certains enjeux, tels que les outils numériques, figuraient déjà parmi les préoccupations un an plus tôt.

Méthodologie : Etude quantitative ad hoc, réalisée selon un mode de recueil online, via la sollicitation des membres de notre partenaire l’accès panel Dynata. Terrain réalisé du 2 au 17 janvier 2024. Echantillon représentatif de 1 000 salariés d’entreprises de 500 salariés et + (dont 433 collaborateurs et 567 managers) + Suréchantillon de 300 managers dans des entreprises 500 salariés et +.