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[ETUDE] Une majorité de salariés français favorables à la semaine de 4 jours

Par Alexandre Foatelli | Le | Modes de travail

Le concept de la semaine de 4 jours fait partie des thèmes de réflexion récurrents sur l’évolution du travail. En France, une récente étude menée par Indeed en collaboration avec OpinionWay auprès de 1 100 actifs sonde l’envie de ces derniers de passer à ce mode d’organisation et les modalités de sa mise en œuvre.

La semaine de 4 jours est testée dans plusieurs pays et séduit une majorité d’actifs français. - © Getty Images/iStockphoto
La semaine de 4 jours est testée dans plusieurs pays et séduit une majorité d’actifs français. - © Getty Images/iStockphoto

Elle est testée à grande échelle dans plusieurs pays d’Europe (Royaume-Uni, Belgique, Espagne, Portugal, Islande), depuis peu au Brésil et est revendiquée par le principal syndicat de la sidérurgie allemande. La semaine de 4 jours essaiment un peu partout dans le monde, tel un symbole supplémentaire d’un nouveau rapport au travail hérité de la pandémie de Covid. Si le sujet est régulièrement débattu, quid des salariés français ? Ce mode d’organisation du travail est-il souhaité par les actifs en France, dans le pays des 35 heures ?

Dans une récente étude, Indeed a sondé 1 138 actifs français des secteurs public et privé en collaboration avec OpinionWay. L’occasion de mesurer l’engouement pour la semaine de 4 jours et d’interroger sur les conséquences d’une éventuelle mise en œuvre.

Une majorité favorable

Pour ce qui est de l’envie de passer à quatre jours de travail hebdomadaire, l’envie est là. L’étude révèle que 67 % des salariés aimeraient travailler 4 jours par semaine, même en conservant la même quantité d’heures hebdomadaires que dans leur poste actuel, ce qui signifierait mécaniquement des journées de travail bien plus longues. En outre, 28 % aimeraient travailler 4 jours par semaine même si cela s’accompagnait d’une rémunération diminuée proportionnellement à un temps de travail hebdomadaire réduit.

Sans surprise, le scénario le plus favorable - rémunération identique pour un temps de travail hebdomadaire réduit - attire encore plus de salariés : 82 % des répondants y seraient favorables. Les salariés âgés de 18-30 ans plébiscitent encore davantage cette option (88 %).

Vision (très) positive

Si l’engouement pour la semaine de 4 jours est aussi palpable, c’est qu’elle est associée presque exclusivement à des perspectives de vie plus positives. Les salariés interrogés brossent un portrait quasiment idéal de ce que serait leur vie s’ils bénéficiaient de ce rythme de travail. Ainsi, 77 % croient qu’ils gagneraient en qualité de vie et 71 % estiment qu’ils se sentiraient mieux mentalement. 68 % pensent qu’ils feraient plus de choses dans la semaine qu’actuellement, ce que les 18-30 ans sont particulièrement nombreux à le penser : 74 % contre 66 % des plus de 30 ans.

Pour ce qui est des conséquences directes, 55 % considèrent qu’ils ne seraient pas plus fatigués par ce rythme condensé. Bien que l’opinion soit plus divisée à ce sujet, elle demeure tout de même majoritaire. Les résultats de l’étude Indeed esquisse aussi un meilleur rapport au travail dans le cadre de la semaine de 4 jours puisque 67 % s’imaginent qu’ils seraient plus motivés au travail et 60 % (68 % des 18-30 ans) pensent que leur entreprise comptabiliserait moins d’arrêts maladie, alors que les entreprises constatent une explosion de l’absentéisme au travail depuis la pandémie de Covid et en déplorent les effets sur leurs activités.

Néanmoins, les réponses des actifs français laissent apparaître quelques « bémols ». La première conséquence négative envisagée est une stagnation des salaires pour 52 % du panel, suivi par des problèmes d’organisation hérités de ce changement au sein de l’entreprise (51 %). En dehors de ces deux points, l’attrait des salariés pour ce rythme de travail est clairement affirmé par les résultats de cette étude.

Un jour de plus pour se reposer

L’étude sonde aussi ce que les Français souhaiteraient faire en priorité de leur jour « gagné » s’ils travaillaient 4 jours par semaine. L’option la plus choisie est le repos pour 47 % des répondants, suivie par « avoir plus de loisirs / se faire plaisir » (46 %) et par « faire les tâches nécessaires du quotidien plus tranquillement » (44 %). Les 18-30 ans obtiennent les mêmes résultats, mais inversent les loisirs / le plaisir (46 %) et le repos (45 %) qui arrive en 2e position.

Certaines réponses sont significativement « genrées » : les femmes souhaitent davantage se reposer (51 % contre 43 % des hommes) et comptent bien plus réaliser leurs tâches du quotidien (50 % contre 38 % des hommes), tandis que les hommes sont plus nombreux à envisager d’accroître leur vie sociale (voir davantage leurs amis et leur famille) - 37 % contre 29 % des femmes - et s’investir dans de nouveaux projets (16 % contre 11 % des femmes). En revanche, femmes et hommes obtiennent des résultats similaires pour les actions telles qu’avoir plus de loisirs / se faire plaisir, s’occuper davantage de leur noyau familial (enfants, conjoint(e)…) ou s’occuper de proches qui en ont besoin (personnes âgées, malades, en perte de mobilité…).

Les personnes aux catégories socio-professionnelles les plus élevées (CSP+) sont plus enclines à privilégier les loisirs / le plaisir (49 % contre 43 % dans les catégories populaires), l’investissement personnel dans de nouveaux projets (17 % contre 11 %) et la participation à la vie associative (10 % contre 7 %), tandis que les « CSP- » valorisent le repos (50 % contre 43 % des catégories dites supérieures) et souhaitent davantage réaliser leurs tâches quotidiennes tranquillement (49 % contre 39 %).

Enfin, de manière plus surprenante et qui semble complètement contradictoire avec le principe même de la semaine de travail de 4 jours, 12 % des répondants aimeraient utiliser ce 5e jour pour… travailler plus calmement, sans subir de stress. Une part des répondants qui ne semblent donc pas réellement croire en la possibilité de réaliser leur travail en 4 jours…


L’étude a été menée par OpinionWay pour Indeed en avril 2023 auprès de 1 138 salariés français âgés de 18 ans et plus, travaillant dans les secteurs privé et public, dont 335 salariés de 18-30 ans. L’échantillon a été constitué selon la méthode des quotas au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de catégorie d’agglomération et de région de résidence.