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[INFOGRAPHIE] Rémunération des cadres : entre progression et inégalités

Par Alexandre Foatelli | Le | Qvt

Le dernier baromètre en date de l’Apec consacré à la rémunération des cadres souligne que le marché de l’emploi pour cette catégorie de salariés a retrouvé des standards proches de la situation pré-Covid. Par conséquent, les données montrent un effet positif sur le niveau de rémunération. Cependant, des inégalités salariales persistent entre hommes et femmes et selon les tranches d’âges, tandis que le contexte géopolitique et inflationniste tend à faire croitre l’insatisfaction.

La rémunération des cadres présente toujours un écart autour des 7 % entre hommes et femmes. - © Getty Images/iStockphoto
La rémunération des cadres présente toujours un écart autour des 7 % entre hommes et femmes. - © Getty Images/iStockphoto

Beau temps sur le marché de l’emploi des cadres ! La crise de 2020 semble bien derrière, et les volumes de recrutements ont connu un net rebond (+18 % en 2021), d’après les chiffres de l’Apec. Ainsi, ils se rapprochent des niveaux record observés en 2019, sans toutefois les égaler : 269 000 cadres ont été recrutés en 2021 contre 228 700 en 2020 et 281 300 en 2019. Une éclaircie ayant entraîné des conséquences positives sur la rémunération des cadres.

Beau temps sur le marché de l’emploi des cadres - © Républik Workplace
Beau temps sur le marché de l’emploi des cadres - © Républik Workplace

De nombreux indicateurs suivis par l’Apec reprennent de la vigueur et renouent avec la période pré Covid. Parmi eux, la rémunération annuelle brute médiane (fixe + variable), après trois ans de stagnation, a progressé s’établit au 31 décembre 2021 à 51 000 €, soit 2 % de plus qu’un an plus tôt. En outre, 55 % des cadres ont touché une rémunération variable en 2021, un taux en légère progression par rapport à 2020 (52 %). Enfin, la proportion de cadres augmentés a quasiment retrouvé son niveau d’avant crise sanitaire : 46 % des cadres ont bénéficié d’une augmentation au cours de l’année 2021 - contre 38 % en 2020, un niveau historiquement faible - et 48 % en 2019.

Mobilité professionnelle : le b.a.-ba de l’augmentation

En 2020, une part particulièrement faible de cadres avaient été augmentés : 35 % contre 45 % en 2019 pour les cadres restés au même poste et 52 % contre 67 % en 2019 pour ceux ayant évolué en interne. L’année suivante, un retour à la normale est observé avec 42 % de cadres augmentés parmi ceux restés au même poste et 63 % pour ceux ayant changé de poste dans l’entreprise. Ainsi, alors que la crise avait eu tendance à brider les augmentations, la part d’augmentés redevient très proche entre les cadres ayant bénéficié d’une mobilité interne et ceux bénéficiaires d’une mobilité externe. Autrement dit, en dehors des périodes de crise, la promotion interne semble être une stratégie tout aussi payante que la mobilité externe pour bénéficier d’une augmentation de sa rémunération.

Mobilité professionnelle : le b.a.-ba de l’augmentation - © Républik Workplace
Mobilité professionnelle : le b.a.-ba de l’augmentation - © Républik Workplace

Parmi les cadres ayant changé d’entreprise, la situation est surtout favorable lorsque les cadres ne sont pas passés par une période de chômage entre leurs deux postes. En 2021, 66 % des cadres qui ont intégré une nouvelle entreprise sans période de chômage ont été augmentés, contre 49 % pour ceux qui ont connu le chômage entre l’ancienne entreprise et la nouvelle. Une proportion qui rapproche ces derniers de leurs homologues restés au même poste, qui sont 42 % à avoir reçu une augmentation.

Inégalités salariales persistantes

Si tous les profils de cadres ont été davantage augmentés en 2021 par rapport à 2020, certaines inégalités se perpétuent. Par exemple, la proportion d’hommes et de femmes cadres qui ont bénéficié d’une augmentation ont été respectivement de 48 % et 44 %. Ainsi, hommes comme femmes ont vu leur rémunération progresser de 1 000 € entre 2020 et 2021. Résultat, la rémunération annuelle brute des cadres masculins se situe à 54 000 euros contre 47 000 euros pour leurs homologues féminins, soit un écart de 15 %, stable depuis plusieurs années. Un écart qui s’explique en partie par des différences en fonction des profils (poste occupé, niveau de responsabilité, âge, etc.), mais une part importante des écarts de rémunération demeure « inexpliquée ». À profil et poste équivalents, les hommes cadres gagnent toujours 7,4 % de plus que leurs homologues féminins. Cet écart était de 7,7 % l’année dernière et reste globalement stable autour de 7 à 8 % depuis de nombreuses années.

Inégalités salariales persistantes - © Républik Workplace
Inégalités salariales persistantes - © Républik Workplace

Autre vecteur d’inégalités salariales : les tranches d’âge. Certes, les cadres de moins de 35 ans ont particulièrement bénéficié de cette embellie globale sur le plan de la rémunération, puisque 62 % des d’entre eux ont été augmentés en 2021, soit 14 points de plus qu’en 2020 et un niveau supérieur à 2019 (60 %). Cependant, les entreprises peuvent être confrontées à une montée de l’insatisfaction des cadres, notamment pour ceux ayant le sentiment d’avoir perdu significativement en matière de pouvoir d’achat, ce à quoi les moins de 35 ans sont les plus exposés. Ainsi, en mai 2022, 29 % des cadres de moins de 35 ans se déclaraient insatisfaits de leur rémunération, en augmentation de 5 points en un an. Pour cette catégorie d’âge, la rémunération constitue le deuxième plus important motif d’insatisfaction derrière les perspectives de carrière dans l’entreprise. L’insatisfaction sur la rémunération progresse aussi chez les 35-54 ans (27 %, + 4 points) et reste stable chez les plus âgés (25 %, - 1 pt).

Des hausses de salaires à prévoir

En 2022, la part des cadres augmentés pourrait de nouveau augmenter pour atteindre un niveau historique. Interrogés en mai 2022, 41 % des cadres indiquaient avoir déjà perçu une augmentation depuis début 2022 et 18 % pensaient en percevoir une d’ici la fin de l’année. Ainsi, le niveau record atteint en 2018 de 51 % de cadres augmentés sur l’année pourrait être dépassé. En effet, de nombreuses entreprises pourraient consentir à des efforts salariaux afin de retenir et attirer des cadres dans un contexte de fortes difficultés de recrutement, conjugué avec une forte inflation inédite depuis 40 ans, sous l’effet des impacts de la guerre en Ukraine. Ce contexte très incertain, quant à l’intensité de l’inflation et sa durée, devrait donc se traduire par un accroissement historique de la part des cadres augmentés, afin que les niveaux d’insatisfaction de ces derniers n’augmentent pas plus.


Méthodologie : L’étude s’appuie sur une enquête annuelle menée en février 2022 auprès de 13 000 cadres du secteur privé clients de l’Apec. En complément, des résultats plus récents sont issus de la vague de mai 2022 de l’omnibus cadres de l’Apec (enquête mensuelle réalisée auprès d’un échantillon de 1 000 cadres, représentatif des cadres du secteur privé).