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Le facility management en plein mouvement de concentration

Par Alexandre Foatelli | Le | Services

Cet article est référencé dans notre dossier : Les actus qui ont agité le FM en 2023

Sur les deux dernières années, le marché du facility management en France a connu plusieurs opérations de fusions-acquisitions d’ampleur. Si le phénomène n’est pas nouveau, ces opérations démontrent un mouvement vers la concentration autour de très grands groupes.

Les récentes fusions-acquisitions conduisent à une concentration autour de très grands groupes. - © Getty Images/iStockphoto
Les récentes fusions-acquisitions conduisent à une concentration autour de très grands groupes. - © Getty Images/iStockphoto

« Pour moi, l’une des tendances fortes sur le secteur de la propreté aujourd’hui réside dans les importants mouvements de cessions et d’acquisitions ». Bertrand Dartiailh, président du directoire de Stem Groupe, le dit lui-même : d’importantes manœuvres sont à l’œuvre sur le marché du facility management. Au-delà des entreprises de propreté, les firmes du multiservices et du multitechnique connaissent une tendance palpable à la concentration.

La dernière et future opération de grande ampleur concernera l’entreprise danoise de facility management ISS qui a annoncé durant le mois d’août sa volonté de céder ses activités en France, à l’exception de ses contrats internationaux avec des « clients clés ». En attendant de connaître l’identité du repreneur, nul doute que la transaction mènera à la naissance d’un acteur herculéen. ISS France emploie 18 000 personnes et a généré 400 millions de chiffre d’affaires en 2022.

Précédemment, l’année 2022 a été marquée par deux opérations majeures impliquant des acteurs français de premier plan, témoignant du dynamisme du secteur. Deux fonds anglo-saxons, CD&R et Towerbrook, se sont offert respectivement le contrôle de deux champions français du service aux entreprises et du nettoyage : Atalian et GSF. Deux groupes dépassant le milliard d’euros de chiffre d’affaires et deux opérations valorisées à 3 milliards d’euros (Atalian) et 1,1 milliard d’euros (GSF). Sans oublier une autre grande transaction annoncée en fin d’année : le rachat de la branche multiservices de Derichebourg (maintenance et nettoyage industriel) par Elior en échange d’une montée en capital à hauteur de 48 %. Celui-ci donnera naissance à un leader de la restauration collective et des multiservices fort de 134 000 collaborateurs et 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires.

Enfin, les acteurs small et mid cap du secteur ne sont pas en reste et misent sur la croissance externe pour développer leur activité en France. Parmi ces opérations, on retrouve des transactions notables réalisées par Beautiful Life Services, Ecoclean Services ou encore le groupe EMN.

Le regard d’Eric Lefiot, président du Sypemi et membre du comex de la Fedene

Eric Lefiot - © D.R.
Eric Lefiot - © D.R.

Ce phénomène de fusion-acquisition n’est pas une nouveauté. Il y a toujours eu des rachats d’entreprises qui correspondent à des stratégies évolutives.  Ce qui est clair aujourd’hui, c’est que le FM s’organise de plus en plus autour de très grands groupes afin de répondre à trois raisons essentielles. D’abord, pour continuer à assurer les effets économiques de massification attendus du FM : il est important de pouvoir disposer d’une grande assise de services, de capacité de main d’œuvre, de ressources pour proposer des offres FM adaptées et raisonnablement flexibles.

Par ces concentrations, le secteur apporte aussi la valeur ajoutée de la délégation du risque. Les clients délèguent la gestion du risque sur les entreprises FM : l’exploitation, le coût de service, sur les prix de contrats, les risques sanitaires ou énergétiques. Pour garantir ces risques il faudra avoir une assise importante pour être crédible. Enfin, les appels d’offres deviennent internationaux : les entreprises ont intérêt à se doter de moyens qui soient au-delà du simple circuit national ou européen et donc les relais de croissance sont aussi au travers de ces grosses entreprises et de ces rachats. Pour pouvoir présenter des offres de service sur des appels d’offres internationaux et être un acteur important, je pense qu’actuellement il faut être un groupe qui pèse entre 1 et 10 milliards d’euros.

Néanmoins, par rapport à ces situations de fusions-acquisitions, nous resterons attentifs à ne pas générer de situations de monopole, nous voulons conserver une émulation et une concurrence saines afin de pas arriver à des positions ultradominantes sur ces marchés qui pourraient être préjudiciables pour les clients. La diversité est pertinente à la fois pour les offres dans les entreprises ainsi que pour les clients.

3 questions à Pierre Hardouin, CEO d’Equans France

Pierre Hardouin - © Equans France
Pierre Hardouin - © Equans France

Pouvez-vous nous préciser les chiffres clés du nouvel ensemble Equans/Bouygues Energies & Services ?

Leader mondial des services multitechniques, le nouvel ensemble rassemble près de 100 000 salariés travaillent dans plus de 50 pays, sur les cinq continents pour un chiffre d’affaires d’environ 17 milliards d’euros en 2021. Sur le périmètre France, les près de 40 000 collaborateurs réalisent un CA de 6,5 milliards d’euros.

Quelles sont les synergies entre les deux entités ? Des nouvelles solutions ou services sont-ils à attendre ?

Il s’agit d’accompagner nos clients pour les aider à relever les défis d’une triple transition : énergétique, industrielle et digitale. Le rapprochement avec Bouygues Energies & Services va permettre à Equans d’avoir une présence mondiale élargie et une proposition de valeur enrichie. Notre densité territoriale permet à nos équipes d’être au plus près de tous nos clients pour mieux les connaître et répondre à leurs besoins. Nous allons ainsi poursuivre et accélérer le développement de nouvelles solutions, avec une exigence forte sur la qualité du service et de la relation client. 

Avec une telle position de leader sur le marché des services multitechniques, quelles vont être vos leviers de croissance à l’avenir ? D’autres opérations de croissance externes sont-elles envisageables ?

En faisant des services à l’énergie son principal métier, le groupe Bouygues affirme ainsi sa volonté de s’ancrer fortement et durablement dans le secteur des services multitechniques et des solutions d’optimisation de la consommation énergétique. Le contexte international, les tensions sur les marchés et l’approvisionnement en énergie sont autant de leviers de développement pour Equans. Notre promesse est d’agir pour consommer moins, vert et flexible. Nos solutions de performance énergétique sont une réponse directe aux besoins de nos clients. De la conception à la réalisation en passant par l’installation et la maintenance, nos équipes sont pleinement mobilisées pour relever ce défi qui s’offrent aux industriels, aux collectivités et à l’ensemble des acteurs du tertiaire.

L’intégralité de son interview à retrouver ici.