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Baromètre Paris Workplace : les 5 enseignements clés de l’environnement de travail en Europe

Par Alexandre Foatelli | Le | Modes de travail

À l’occasion de la publication des résultats du 9e baromètre Paris Workplace par SFL, réalisé en partenariat avec l’Ifop, 3 700 salariés dans quatre capitales européennes (Paris, Berlin, Londres et Madrid) ont été sondés sur leur rapport au lieu de travail. L’occasion d’identifier des tendances paneuropéennes et de distinguer les particularités de chaque métropole. Républik Workplace Le Média a retenu 5 enseignements clés.

Publié par SFL, en partenariat avec l’Ifop, le baromètre Paris Workplace existe depuis 2014. - © SFL/Ifop
Publié par SFL, en partenariat avec l’Ifop, le baromètre Paris Workplace existe depuis 2014. - © SFL/Ifop

Publié par SFL depuis 2014 et réalisé en partenariat avec l’Ifop, le baromètre Paris Workplace revient pour sa 9e édition. Chaque numéro est l’occasion d’analyser l’environnement de travail sous un angle particulier. Cette année, l’étude a souhaité établir, par hasard ou non en pleine coupe du monde de football, un match des capitales européennes. Pour cela 3 700 salariés ont été sondés à Paris, Berlin, Londres et Madrid. Républik Workplace Le Média vous propose de passer en revue 5 enseignements clés de ce baromètre.

1) Madrid ramène la coupe à la maison

Pour les salariés interrogés, c’est à Madrid qu’il ferait bon travailler à l’étranger. En effet, la capitale espagnole se place en première position des villes étrangères aux yeux des Parisiens (17 %), des Londoniens (11 %) et des Berlinois (9 %).  Elle se place ainsi systématiquement deuxième dans les préférences des répondants, derrière, assez logiquement, leur ville de résidence.

On pourrait y voir une forme d’héliotropisme de salariés envieux du soleil madrilène depuis la grisaille parisienne, la pluie londonienne et les excès du climat continental berlinois. Cependant, les Madrilènes eux-mêmes sont les plus élogieux sur les atouts de leur ville. Madrid est la seule des quatre capitales dont 6 caractéristiques sont jugées satisfaisantes à plus de 90 % : l’accessibilité, l’ouverture sur le monde, la dynamique, l’attractivité, le caractère festif et accueillant. La ville l’emporte également sur les critères de qualité urbaine : 70 % des Madrilènes considèrent que la propreté est un atout pour leur ville, 86 % font le même constat pour la sécurité et 85 % pour l’accessibilité en transport. C’est d’ailleurs à Madrid que les salariés passent le moins de temps dans les transports pour se rendre au bureau : 36 minutes en moyenne.

« Tandis qu’il y a quelques années Londres faisait figure d’eldorado pour les opportunités professionnelles qu’elle représentait et en dépit d’une qualité de vie moindre, il semble que les critères aient changés au bénéfice d’un meilleur équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle. Et c’est ce qui explique en partie l’attractivité de Madrid », commente Aude Grant, directrice générale déléguée et directrice des opérations de SFL.

2) Le bureau, lieu de sociabilisation incontournable

Au sein des quatre métropoles, la vie sociale apparaît comme la première motivation pour venir au bureau. C’est le cas pour 46 % des Parisiens et 49 % des Londoniens. Partout excepté chez nos voisins anglais, c’est l’impression de faire pleinement partie d’une équipe qui justifie, en second lieu, la venue des salariés au bureau.

Les formes de socialisation entre collègues varient cependant selon les pays. À Londres et Berlin, c’est dans la pratique d’activités extra-professionnelles que les liens se tissent, tel que le sport pour 34 % des Londoniens et 32 % des Berlinois. Les Parisiens se distinguent, quant à eux, par la sacro-sainte pause-déjeuner : 67 % d’entre eux déjeunent avec leurs collègues le midi, soit 13 points de plus que les Madrilènes. D’ailleurs, la pause déjeuner française se singularise par sa durée : 1h07, loin devant la moyenne européenne. Quant aux relations amoureuses entre collègues, 33 % des Berlinois confient en avoir déjà eue une, comme 32 % des Londoniens.

3) Consensus relatif sur le télétravail

Troisième enseignement : le télétravail s’inscrit, à travers l’Europe et dans la durée, dans les pratiques des salariés. Ces derniers télétravaillent en moyenne 2 jours par semaine. Berlin approche de la moitié du temps de travail à distance (2,4 jours) tandis que Madrid plafonne à 1,8 jour. Paradoxalement, les salariés de la capitale espagnole sont pourtant ceux qui souhaitent télétravailler le plus : 2,7 jours de préférence, alors que Berlinois et Parisiens ont une pratique très proche de leur idéal. Il semble que la culture de la flexibilité apparaît moins installée dans les pays latins qu’en Allemagne et au Royaume-Uni. À titre d’illustration, 17 % seulement des Madrilènes confient honorer des rendez-vous personnels au cours de leurs journées de travail, contre 49 % des Berlinois et 55 % des Londoniens.

Souhait des salariés de travailler au bureau - © SFL/Ifop
Souhait des salariés de travailler au bureau - © SFL/Ifop

Toutefois, dans ce contexte de travail hybride, les Parisiens se distinguent par leur attachement au bureau. Ils sont, en proportion, les plus nombreux à souhaiter travailler la majorité de leur temps au bureau (62 %). Par ailleurs, ils sont 38 % à se sentir plus performant à leur poste de travail qu’en télétravail, se situant juste après les Berlinois (39 %) sur ce point.

4) Le niveau de bien-être augmente…

Si les Berlinois affichent un niveau de bonheur supérieur (7,7/10) aux Londoniens (7,4), aux Madrilènes (7,1) et aux Parisiens (6,9), les résultats du baromètre font état d’une progression de la note de bien-être chez les salariés franciliens. Depuis 2016, cette note a augmenté de 0,5 point chez les moins de 35 ans, dont le niveau de bien-être avait déjà enregistré une sensible hausse entre 2020 et 2021, pendant que ce niveau restait stable chez les plus de 35 ans.

Evaluation du bien-être au travail - © SFL/Ifop
Evaluation du bien-être au travail - © SFL/Ifop

Evolution du bien-être au travail à Paris depuis 2016 - © SFL/Ifop
Evolution du bien-être au travail à Paris depuis 2016 - © SFL/Ifop

Autre signe de bien-être, le taux de satisfaction des Parisiens à l’égard de leur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle a fortement augmenté entre 2016 et 2022, passant de 68 % à 84 % de satisfaction.

5) … l’exigence de qualité aussi

Le niveau de satisfaction globale au sujet de l’environnement de travail se double d’une plus grande exigence de la part des salariés. Pour la majorité, les bureaux constituent un élément important dans le choix de rejoindre une entreprise (67 % à Londres, 60 % à Berlin). Cette tendance a même presque doublé chez les Parisiens (30 % en 2017, 54 % en 2022) ! Leurs attentes portent également sur le quartier d’implantation : 83 % des Parisiens souhaitent travailler dans un quartier mixte, contre 73 % en 2018.

Evolution de l’importance du bureau pour choisir une entreprise - © SFL/Ifop
Evolution de l’importance du bureau pour choisir une entreprise - © SFL/Ifop

Au-delà du bureau, les salariés sont toujours attentifs aux engagements de leur entreprise. Parmi eux, les Berlinois se montrent particulièrement exigeants du point de vue environnemental. « Toute une génération d’Allemands a grandi avec les enjeux RSE : le tri des déchets, les économies d’énergie…, témoigne Friederike Hoberg, directrice Allemagne de Covivio. Quand j’ai commencé à travailler à Paris il y a 15 ans, ces sujets étaient peu présents sur le lieu de travail et dans les esprits des collaborateurs. Aujourd’hui, les deux cultures convergent fortement sur cette thématique. »

Ces attentes ont tendance à prendre le pas sur d’autres critères, telle que la rémunération. Ainsi, 45 % des Berlinois seraient prêts à accepter une baisse de salaire de 5 % pour travailler dans une entreprise plus responsable. Ce niveau demeure supérieur à celui observé à Londres (41 %), à Paris (38 %) et Madrid (32 %).