Stratégies

Gilles Ballerat (SNCF) : « La gestion de la consommation n’est pas suffisamment performante »

Par Alexandre Foatelli | Le | Environnement de travail

En charge de la gestion et de l’exploitation des 25 000 bâtiments du patrimoine du groupe SNCF, Gilles Ballerat, directeur de la stratégie immobilière et de l’environnement de travail, fait face à de nombreux défis, de l’adaptation du bâti aux standards de la transition écologique à la politique en matière de services aux collaborateurs.

Gilles Ballerat, directeur de la stratégie immobilière et de l’environnement de travail, SNCF - © D.R.
Gilles Ballerat, directeur de la stratégie immobilière et de l’environnement de travail, SNCF - © D.R.

Quel est le spectre de votre mission au sein de la SNCF ?

En tant que directeur de la stratégie immobilière et de l’environnement de travail de SNCF Immobilier, je suis chargé de gérer l’ensemble du parc utilisé par le groupe, aussi bien pour les activités tertiaires qu’industrielles. Ce patrimoine représente 8 millions de mètres carrés pour 25 000 bâtiments répartis sur tout le territoire. Aujourd’hui, la SNCF est très majoritairement propriétaires sur la partie industrielle et ferroviaire et très majoritairement locataire sur la partie tertiaire. Ma mission comporte à la fois de l’asset management, avec la transformation du bâti dont nous sommes propriétaires, jusqu’au pilotage de la maintenance et de l’exploitation, notamment au travers des services aux occupants.

Le patrimoine tertiaire de la SNCF présente des enjeux de transformation pour s’adapter aux évolutions du travail. - © D.R.
Le patrimoine tertiaire de la SNCF présente des enjeux de transformation pour s’adapter aux évolutions du travail. - © D.R.

Par ailleurs, je suis président de la filiale S2FIT (Société Foncière Ferroviaire Industrielle et tertiaire), qui gère environ 25 sites essentiellement tertiaires, mais parmi lesquels se trouvent aussi deux actifs industriels très récents que nous avons porté en construction et en promotion. Dans le cadre de la structuration de SNCF immobilier, S2FIT est une foncière qui agit pour le compte des propriétaires qui sont les SA du groupe SNCF, sur des actifs dispersés sur la France et, pour la plupart, anciens. Notre but est de répondre au mieux aux enjeux du groupe en termes de performance, de service et d’opportunités de localisation.

À la présidence de S2FIT, quels sont principaux chantiers ?

Les principaux chantiers de gestion et d’optimisation de ce parc sont de deux types. Le premier concerne l’essentiel du portefeuille, c’est-à-dire le portefeuille tertiaire ancien que nous avons en propriété et que nous devons adapter aux standards actuels. Sur cette dimension, le dispositif Eco Énergie tertiaire (décret tertiaire), les coûts de l'énergie ainsi que les aspirations de développement durable et de décarbonation du groupe SNCF nous poussent à l’action. Cela implique à la fois la remise à niveau des bâtiments, la réduction des consommations et d’empreinte carbone, voire la production de notre propre énergie puisque nous avons débuté le déploiement du photovoltaïque.

Nous manquons de moyens suffisants pour répondre aux enjeux environnementaux.

L’autre volet concerne les actifs industriels plus récents dont nous avons la gestion. Sur ceux-ci, notre action principale porte plutôt sur la performance FM que l’on anime. Il s’agit de veiller à garantir le bon niveau de service aux occupants, tout en maîtrisant les coûts.

Selon vous, quels critères font un bon outil d’exploitation durable et responsable ?

La SNCF a débuté le déploiement du photovoltaïque sur son patrimoine. - © Sébastien Godefroy
La SNCF a débuté le déploiement du photovoltaïque sur son patrimoine. - © Sébastien Godefroy

Il est indéniable que nous sommes aujourd’hui à un moment de rupture sur ces questions. C’est déjà le cas depuis quelques années sur le plan de la préoccupation environnementale et plus particulièrement cette année sur la sobriété énergétique induit par les réglementations et les coûts. Or, je constate qu’au sein de nos actifs, y compris les plus modernes, nous manquons de moyens suffisants pour trouver une réponse à ces enjeux. À mon sens, la gestion de l'énergie et de la consommation n’est pas aussi performante qu’elle devrait l'être dans un contexte de forte maîtrise des coûts. Dans le cas de la SNCF, un outil d’exploitation durable et responsable devra avoir la capacité d’agir un peu comme une télécommande globale, en étant réactif aussi bien sur nos gros ensembles que sur nos petites implantations dispersées.

Par ailleurs, le passage en espaces dynamiques, c’est-à-dire en flex office sur nos actifs tertiaires, implique de pouvoir être en capacité technique d’adapter le chauffage et l'éclairage en fonction de l’occupation. Ceci implique aussi de disposer d’outils de mesure très performants, encore une fois capables de s’adapter à la taille et à la variété de notre patrimoine immobilier, et enfin d’avoir une bonne connaissance technique du bâtiment, afin de connaître par exemple son inertie thermique et ainsi mesurer les gains potentiels en cas de réduction du chauffage sur plusieurs jours.

Quelle est votre approche en matière de services aux occupants ?

Le groupe SNCF se doit d’avoir une gestion rigoureuse comme nous le demande notre actionnaire, l’Etat.

La maîtrise des coûts est ce qui guide l’approche en matière de services aux collaborateurs.

De ce fait, nous sommes attentifs à la maîtrise des coûts, et c’est ce qui guide l’approche en matière de services aux collaborateurs. Nous déployons un standard de service pour les occupants (nettoyage, gardiennage, accueil, restauration…) que nous essayons d’optimiser au mieux en fonction des attentes. On s’appuie sur cela sur nos schémas directeurs qui nous permettent de mettre en œuvre des réductions de surfaces et donc des réductions de charges d’exploitation.


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