Stratégies

Paris en manque de bureaux certifiés « verts »

Par Alexandre Foatelli | Le | Rse

Alors même que la préoccupation environnementale s’impose dans les stratégies des entreprises utilisatrices et des propriétaires, le stock de bureaux vertueux ne représente qu’un quart des actifs du marché, selon les chiffres de Savills. Le conseil place Paris parmi les grandes villes où le manque est le plus important.

D’après Savills, les bureaux certifiés verts ne représentent en moyenne que 22 % du stock global. - © Getty Images/iStockphoto
D’après Savills, les bureaux certifiés verts ne représentent en moyenne que 22 % du stock global. - © Getty Images/iStockphoto

Pris entre l’urgence d’agir qu’a encore révélé un été caniculaire et la réglementation (malgré un horizon plutôt large), entreprises et propriétaires ont mis à leur agenda la décarbonisation des actifs immobiliers de bureaux. Un virage qui entraine mécaniquement un fort engouement dans les grandes villes du monde pour les immeubles à faible consommation et émission d’énergie. Problème : l’offre ne suit pas ! C’est tout cas la conclusion d’une récente analyse menée par Savills.

« La demande d’espaces de bureaux performants dans ces villes est motivée par la flambée des prix de l’énergie, le cadre législatif propre à chaque pays, ainsi que par la course aux talents. Le désir de travailler dans un environnement durable est une priorité pour les générations à venir et ne doit pas être sous-estimé. Les entreprises doivent donc sécuriser cet espace  »vert«  pour rester compétitives et prospérer. », commente Eri Mitsostergiou, directrice Monde Research de Savills.

Seulement 22 % de bureaux certifiés

Le conseil immobilier a étudié la situation de 20 grandes métropoles mondiales, et établi que les bureaux certifiés verts représentent actuellement une moyenne de 22 % du stock total. Dans le détail, ceux-ci représentent moins de 15 % à Los Angeles et à la City à Londres, et plus de 40 % à Varsovie, San Francisco et New York. Selon l’indice Savills Office Deficit, les villes où le défi est le plus grand sont Los Angeles, Paris, Francfort et Séoul. Pour Paris, les prévisions de développement ne pourraient satisfaire que l’équivalent de trois à six mois des demandes de la part des occupants, tout comme à Francfort. Quant à Séoul, le marché devrait connaître une baisse de l’activité de construction au cours des deux prochaines années.

Face à la demande croissante, les immeubles de bureaux éco-performants sont les premiers à être occupés. Les promoteurs, parfaitement conscients de cette situation, et également de la prime de location obtenue par les immeubles verts certifiés nouvellement construits, redoublent d’efforts pour livrer des produits adaptés. Ainsi, selon Savills, la livraison d’espaces de bureaux neufs ou rénovés dans les 20 villes étudiées d’ici 2024 sera supérieure de 22 % à la moyenne annuelle des cinq dernières années. Des vents contraires viennent cependant perturber cette réserve de nouvelles constructions : le ratio de nouvelles offres pourrait encore baisser, car plusieurs projets seraient en attente en raison de la hausse des coûts de construction et de l’énergie et des perturbations de la chaîne d’approvisionnement.

« Le rythme des nouvelles constructions est également susceptible de ralentir à l’avenir, en raison de l’attention croissante portée à la réduction des émissions de carbone liées à la construction. Cela va également accroître la pression sur les propriétaires pour qu’ils améliorent les performances de leurs immeubles de bureaux par la rénovation et la mise à niveau », souligne Elena Lutterkort, responsable Développement Durable de Savills France.

Poussées par les réglementations gouvernementales en matière de performance énergétique et, donc, par le manque d’offre neuve certifiée, les initiatives de rénovations et de mises à niveaux prises par les investisseurs et les propriétaires sont appelés à s’accélérer. Ces derniers seront, en effet, désireux d’atténuer le risque d’immobilisation des biens dans leurs portefeuilles. La nécessité de rénover se fait d’autant plus forte que le parc de bureaux est très majoritairement antérieur à 2010, et donc à la plupart des normes de constructions éco-responsables. Savills a calculé que plus de 70 % du parc total de bureaux a été construit avant cette date, ce qui correspond à environ 1,9 milliard de mètres carrés d’espace nécessitant une attention quasi immédiate. « Le défi à relever pour combler le déficit de bureaux verts est énorme, abonde Eri Mitsostergiou. Mais comme il est peu probable que la demande ralentisse, c’est à l’industrie de contribuer à transformer l’avenir du lieu de travail et à atténuer les impacts du changement climatique ». À l’industrie immobilière de prendre ses responsabilités, donc…