Aménagement

[TRIBUNE] Le mobilier durable… ou la nécessité de faire le bon choix !

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Smartphones, électroménager, vêtements, … La liste des secteurs qui proposent des produits de seconde main n’a cessé de s’étendre ces dernières années. Une évolution positive pour répondre à l’impératif climatique, mais que le mobilier de bureau peine à suivre. Quelles solutions pour les entreprises souhaitant se diriger vers un ameublement plus responsable de leurs locaux ? Petit tour d’horizon des possibilités offertes aux professionnels.

Sur 250 000 tonnes/an de déchets de mobilier de bureau, seuls 3,6 % sont revalorisés en seconde main - © Getty Images/iStockphoto
Sur 250 000 tonnes/an de déchets de mobilier de bureau, seuls 3,6 % sont revalorisés en seconde main - © Getty Images/iStockphoto

Selon les derniers chiffres de l’éco-organisme Valdelia, le mobilier de bureau représente 130 000 tonnes de déchets par an et seulement 7 % de ce mobilier est redirigé vers des opérateurs de seconde main1. C’est bien trop faible, d’autant que la majeure partie de ce mobilier est souvent en bon état et pourrait avoir une nouvelle vie.

La révolution est en marche, poussée par une réglementation de plus en plus exigeante. Entrée en vigueur depuis le 1er janvier 2022, la loi Agec (Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire) impose désormais aux entreprises publiques de consacrer 20 % de leur budget à l’achat de produits issus du réemploi, de la réutilisation ou qui intègrent des matières recyclées.

Côté privé, les attentes des collaborateurs sont fortes également, comme le montre le dixième baromètre Actineo de la Qualité de vie au travail : « 72 % des actifs estiment important d’utiliser du mobilier issu du recyclage et / ou d’occasion. »2

Pour simplifier le recours des entreprises au mobilier reconditionné, plusieurs sociétés se sont positionnées ces dernières années : des startups à l’image de Bluedigo, Tricycle Office ou Adopte un bureau ; mais aussi des entreprises « historiques » comme Lyreco, qui a lancé en mars dernier les préventes du mobilier reconditionné qui sera issu des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Les fabricants de mobilier s’y mettent également : certaines marques ont créé leur propre programme de reconditionnement comme Steelcase avec « Re-Steelcase ».

La seconde main ? Pas si simple

Toutefois, aménager ses nouveaux espaces avec du mobilier reconditionné peut paradoxalement s’avérer aussi coûteux que d’acquérir du mobilier neuf. En effet, les aménageurs d’espaces professionnels ont la capacité de négocier avec leurs fournisseurs des remises professionnelles importantes, comparées au prix de vente public des meubles. A cela s’ajoute la problématique de l’offre, limitée en quantité de produits identiques. Il sera par exemple compliqué d’aménager entièrement un immeuble de bureau avec du mobilier de seconde main, si le donneur d’ordre souhaite un grand nombre de postes de travail uniformes (même marque, mêmes dimensions, même couleur…).

De plus, à l’heure où nombre d’entreprises utilisent l’aménagement de nouveaux espaces pour faire « revenir » les collaborateurs au bureau, notamment les plus jeunes, ces projets prennent une dimension stratégique. Force est de constater que certaines entreprises appréhendent de décevoir en donnant le sentiment de faire du neuf avec du vieux. Un déménagement est très souvent l’occasion pour une entreprise d’ouvrir une nouvelle page de son histoire avec pour réflexe de s’équiper en neuf. Comment concilier cet enjeu avec celui de la sobriété et du prix ?

Un mix d’alternatives accessibles

Le réemploi de mobilier est évidemment la solution la moins coûteuse et la plus vertueuse écologiquement. Elle permet de donner une nouvelle vie à tout ou partie du mobilier ancien, en le réintégrant dans le nouvel aménagement. Aujourd’hui, de nombreuses entreprises spécialisées dans l’ingénierie de transfert permettent de simplifier les aspects « logistiques » des entreprises souhaitant réemployer leur mobilier : inventaire du mobilier en place, implantation de l’ancien mobilier sur les nouveaux plans, démontage, nettoyage / restauration si nécessaire, remontage sur site … Accompagné par des professionnels, le résultat est tout à fait satisfaisant pour les collaborateurs et permet de diminuer largement la quantité de déchets mobiliers en circulation.

Dans le secteur du mobilier neuf, les fabricants travaillent à limiter l’impact environnemental de leurs produits. Plusieurs leviers sont possibles : agir sur la nature des matériaux eux-mêmes (matériaux biosourcés, recyclés, certifiés) ; la géographie (provenance des matériaux / localisation des usines) ; la durabilité des produits, leur réparabilité, leur recyclabilité, mais aussi le packaging ou les moyens de transport utilisés. La plupart des marques de mobilier professionnel proposent, dans leur catalogue, au moins un ou plusieurs produits « éco-responsables ». Certaines marques sont même certifiées B-Corp à l’image de Noma Editions, TipToe ou Dizy.

Enfin, la location ou le leasing permettent aux entreprises de préserver leur trésorerie, tout en bénéficiant d’une grande flexibilité pour leur aménagement. Pas de stock mobilier à gérer, maintenance assurée, avantages fiscaux, rachat du mobilier loué ou restitution en fin de contrat : les organismes de leasing remettent ensuite les meubles sur le marché ou les orientent vers des sociétés de reconditionnement.

Le rôle clé des conseils

Pour les entreprises, il n’est pas toujours simple de trancher, d’autant qu’elles doivent gérer la pression constante de leur environnement (salariés, clients, fournisseurs, actionnaires, société civile) pour décarboner leurs pratiques tout en tenant compte de la réalité et de leurs impératifs économiques et budgétaires. La solution peut résider dans une approche pragmatique combinant tous ces leviers : seconde-main, réemploi, neuf éco-conçu, leasing. In fine, tous les moyens sont bons pour réduire la quantité de déchets de bureau en circulation. À ce titre, le rôle de conseil des sociétés d’aménagement est clé.

Auteur

Romain Vergne, directeur du Département Mobilier, Quadrilatère - © Mon Portrait Pro
Romain Vergne, directeur du Département Mobilier, Quadrilatère - © Mon Portrait Pro

Diplômé d’un Master 2 Management et Marketing du sport à l’EMLV (Ecole de Management Léonard de Vinci), Romain Vergne a démarré sa carrière dans la communication sportive. Il a ensuite rejoint Otherdesign (groupe Artdesk) où il a su adapter ses compétences en gestion de projet au monde de l’aménagement d’espaces et du mobilier. A ce poste, il a accompagné plusieurs grands groupes dans leur nouvel aménagement - comme Betclic, parti de Londres vers Bordeaux à la suite du Brexit ; ou le groupe RTE, installé au sein de l’immeuble Window à La Défense. Romain Vergne a rejoint Quadrilatère fin 2020, en tant que responsable du pôle mobilier. Il rejoint en février 2024 la direction de Quadrilatère et participe à la définition et à la mise en œuvre de la stratégie de l’entreprise.

1 https://www.valdelia.org/

2 https://www.actineo.fr/article/resultats-du-barometre-actineo-2023