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Shareadesk, le home office partagé

Par Alexandre Foatelli | Le | Modes de travail

Travailler de chez soi dans une ambiance de coworking. C’est la formule que propose la toute jeune entreprise Shareadesk lancée par Julie Boutonnet et Quentin Fremeaux, qui met en relation des salariés en télétravail désireux de partager leur domicile pour une journée.

Shareadesk met en relation des salariés en télétravail désireux de partager leur domicile. - © D.R.
Shareadesk met en relation des salariés en télétravail désireux de partager leur domicile. - © D.R.

En 2020, Julie Boutonnet, product manager dans une entreprise construisant des centrales photovoltaïques, a subi le home office contraint comme des millions de salariés, au gré des périodes de confinements inhérents au Covid-19. En proie au sentiment d’isolement dans son appartement montpellierain, elle invite, dès que possible, des collègues ou des amis à venir télétravailler chez elle, lesquels lui rendent la pareille et lui permettent ainsi de varier d’espaces de travail. « J’ai notamment eu la chance de me retrouver dans une villa avec piscine et vue sur le Pic Saint-Loup », s’amuse-t-elle aujourd’hui. Trainant depuis longtemps un désir d’entreprendre, cette période expérimentale fait office de déclic. Avec Quentin Fremeaux, un collègue développeur, elle se lance dans la conception de sa propre structure : Shareadesk.

Viens chez moi, je travaille dans ma piscine

Près de deux ans de travail plus tard, la page de lancement est en ligne depuis mi-novembre. La plateforme opérationnelle devrait sortir ce printemps. « En télétravail à domicile, on peut manquer d’espace ou d’équipements adaptés, sans parler de la solitude. Pour répondre à ces problématiques, on peut choisir d’aller dans des tiers-lieux, mais ceux-ci sont souvent onéreux et sont encore peu répandus en dehors des métropoles », expose l’entrepreneuse. Afin de proposer une alternative, la plateforme Shareadesk met en relation des télétravailleurs qui recherchent où proposent un espace de travail à domicile. Un concept directement inspiré de l’expérience vécu par Julie Boutonnet durant les confinements.

« On peut trouver un coworker par affinité professionnelle, ayant le même métier par exemple, ou par affinité personnelle, ayant des hobbys ou passions en commun, précise-t-elle. En venant travailler chez une tierce personne, l’utilisateur bénéficie des services et aménités proposées : terrasse, jardin, ou même piscine… » Une offre qui présente l’avantage d’avoir un maillage beaucoup plus fin du territoire, puisqu’elle peut se déployer partout où il y a du logement. Concernant le prix, l’hôte peut le fixer librement, en suivant ou non la préconisation de Shareadesk en fonction de ceux pratiqués alentour et pondérés par les services proposés, comme l’accès à une imprimante ou à la fourniture d’écrans par exemple.

Que dit la loi ?

Comment le fonctionnement singulier de Shareadesk entend s’accommoder des contraintes légales ? A cette question, Julie Boutonnet met en avant deux réponses. Sur le volet RH d’abord, elle rappelle que le Code du Travail stipule que l’accord de télétravail peut se formaliser « par tout moyen ». Cependant, les entreprises ont tendance à établir des chartes dans lesquelles l’adresse du salarié est précisée et/ou le recours à un tiers-lieux est spécifié. « Si ce recours est précisé, le télétravail via notre plateforme est couvert, précise Julie Boutonnet. En revanche, s’il n’y a pas mention d’un tiers-lieu, on est potentiellement face à un vide juridique sur la question de la responsabilité pour les télétravailleurs quand ils ne sont pas chez eux », déplore-t-elle.

Derrière la question de la responsabilité, le deuxième volet est celui de l’assurance. « Nous avons noué un partenariat avec une compagnie d’assurance pour mettre en place une garantie affinitaire, qui sera à la charge de l’utilisateur s’il souhaite se couvrir. À plus long terme, notre ambition est que ce service soit directement compris dans les frais de services, à l’instar de plateformes comme Airbnb ou BlaBlaCar », détaille la fondatrice.

Déjà l’Europe en tête

Quitte à faire comme Airbnb, Shareadesk vise-t-elle un déploiement mondial ? « Nous avons mis les moyens sur l’architecture du site pour qu’il soit le plus scalable possible et nous avons acheté un nom de domaine européen pour viser, dès le démarrage tous les pays en zone euro », ne tempère pas Julie Boutonnet. Rien d’aberrant puisque la plateforme enregistre déjà des pré-inscrits au Portugal, en Belgique et en Angleterre.

Surfant sur un contexte à la fois délétère pour l’usage de la voiture (prix de l’essence, volonté politique) et en faveur du confort des salariés (environnement de travail de qualité, temps de trajets réduits), Shareadesk espère bien tirer son épingle du jeu en proposant des alternatives peu coûteuses, diversifiées et déployables partout.