Stratégies

Optimisation, maitrise de la data, résilience climatique… les enjeux de l’immobilier d’entreprise

Par Alexandre Foatelli | Le | Digitalisation

Afin de contribuer à la prise de décision dans la stratégie immobilière, JLL a identifié dix tendances de l’immobilier d’entreprise dans le monde. Parmi elles, trois enjeux devraient particulièrement animés 2023.

JLL a identifié dix tendances de l’immobilier d’entreprise dans le monde. - © Getty Images/iStockphoto
JLL a identifié dix tendances de l’immobilier d’entreprise dans le monde. - © Getty Images/iStockphoto

Dans un contexte économique incertain, les décideurs immobiliers font face à un vrai dilemme : mettre en pause leurs projets immobiliers dans l’attente d’une situation plus favorable, ou bien tenir le cap de leur stratégie immobilière afin de mieux servir leurs ambitions. Pour les guider dans leurs choix, JLL a identifié les dix tendances mondiales qui animeront l’immobilier d’entreprise en 2023.

Fondée sur un corpus d’études menées par le conseil et de productions externes de référence, compilant les retours de milliers de salariés et de centaines de décideurs à travers le monde, cette nouvelle édition souligne l’impératif pour les entreprises de parvenir à concilier enjeux de court terme et de long terme, pour ne pas mettre en berne tous leurs projets. À l’heure où la rationalisation est devenu un maitre mot, l’optimisation des surfaces, des services et des coûts ne peut pas se faire au détriment de la qualité de l’expérience de travail, au risque de s’aliéner les talents.

Fort de ce constat largement répandu, JLL défini les dix tendances phares de l’immobilier d’entreprise ainsi :

  • Assurer la réussite opérationnelle du travail hybride
  • Promouvoir une approche holistique du bien-être des salariés
  • Optimiser sans négliger la qualité des espaces
  • Accélérer la digitalisation de l’expérience de travail
  • Maîtriser sa donnée immobilière pour rendre agile sa prise de décision
  • Identifier des solutions innovantes pour mieux amortir les coûts de l’immobilier
  • Miser sur les partenariats pour relever des défis immobiliers
  • Repenser son offre de services en s’appuyant sur des acteurs de l’écosystème local
  • Développer une politique ambitieuse en matière d’achats responsables
  • Inscrire la résilience climatique dans sa vision immobilière de long terme

Selon JLL, trois de ces enjeux marqueront tout particulièrement l’année 2023, du fait de leur prédominance dans les stratégies immobilières des entreprises.

À la recherche de solutions d’optimisation

Compte tenu des conditions macroéconomiques (hausse du prix des matières premières, difficultés d’approvisionnement, allongement des délais et incertitudes autour des projets), bon nombre d’entreprises seront à la recherche de solutions innovantes pour optimiser et amortir les coûts de leur immobilier. Au-delà des leviers traditionnels consistant à renégocier son bail ou à réduire sa surface, certaines entreprises exploreront le déploiement d’options nouvelles. Il peut s’agir d’augmenter la part d’espaces flexibles au sein de leur portefeuille, de sous-louer une partie de leur surface à des tiers ou de mutualiser leurs pieds d’immeubles et ouvrir leur offre de service aux riverains.

Ces pistes nécessiteront cependant des efforts pour les entreprises pionnières, car tout reste encore à imaginer et les barrières demeurent nombreuses : problématiques contractuelles, d’accès au site, de confidentialité, de sécurité des personnes, nécessité de se structurer pour se muer en opérateur de coworking, etc.

« Les entreprises sont contraintes d’optimiser leur portefeuille, mais doivent le faire sans négliger la qualité des espaces, puisqu’elles ont toujours plus besoin d’attirer et de fidéliser les talents. En effet notre recherche révèle que 50 % des travailleurs urbains de bureaux dans le monde ont quitté leur emploi depuis le début de la pandémie. Et parmi eux, 90 % envisageaient de le faire de nouveau dans les 12 prochains mois. En France, le phénomène est certes moins marqué, mais reste palpable et dénote un vrai sujet d’engagement des salariés », explique Flore Pradère, directrice Recherche et Prospective chez JLL.

Les entreprises l’ont bien compris et repensent leurs investissements immobiliers à l’horizon 2025 par le réaménagement des espaces pour accroître le bien-être et l’engagement (52 %), la gestion dynamique des espaces (35 %) ou encore la dispersion de l’empreinte immobilière (30 %).

« Partout dans le monde, les entreprises commencent à réfléchir à une empreinte immobilière plus dispersée pour mieux desservir des pools de talents. Un phénomène présent dans une moindre proportion en France, où le siège reste une destination centrale. Cependant, cela pourrait devenir un pari gagnant-gagnant pour les entreprises et les salariés », précise Benoit Delattre, Head of Strategic Consulting chez JLL.

La nécessaire maîtrise de la data immobilière

En 2023, maîtriser sa donnée immobilière constituera un réel avantage compétitif permettant d’orchestrer la flexibilité, de réduire les coûts et l’utilisation des ressources spatiales, servicielles et énergétiques. Ainsi, 70 % des directeurs financiers dans le monde priorisent l’introduction de technologies digitales pour servir la performance immobilière et l’expérience salariés. En France, la fonction immobilière des entreprises reste, à ce stade, peu digitalisée.  

« L’occupation dynamique, qui permet d’ajuster l’offre d’espaces et de services au plus près de l’utilisation des bâtiments, est un enjeu majeur pour obtenir un ratio coût/qualité satisfaisant. Celle-ci ne peut se faire sans intelligence du bâtiment à travers des solutions digitales reposant sur l’intelligence artificielle », souligne Flore Pradère.

A noter que certaines entreprises à l’avant-garde ont déjà acté de jours de fermeture de leurs bureaux pour réduire leur facture énergétique, sur la base de la mesure des taux d’occupation de leurs espaces.

La résilience climatique, clé d’une vision immobilière à long terme

Tandis que près de 8 dirigeants sur 10 dans le monde prévoient d’ajuster leur politique d’achats au contexte mondial, les acteurs de l’immobilier devront rester mobilisés pour inscrire la résilience climatique dans leur vision immobilière de long terme. En 2023, 44 % des décideurs français prévoient de recourir davantage à l’économie circulaire pour leurs travaux d’aménagement ou de rénovation et 84 % des décideurs dans le monde ont renégocié leurs conditions de bail pour diminuer leur consommation d’énergie, accroître leur recours aux énergies vertes, et bénéficier de compensations carbones.

« Cet effort ne se fera pas sans collaboration avec toutes les parties-prenantes, et notre étude sur la décarbonation des villes et de l’immobilier a montré que 75 % des entreprises anticipent une plus grande dépendance vis-à-vis des acteurs externes. Demain les partenariats entre les investisseurs, les propriétaires, les locataires, mais aussi les villes et la société civile deviendront clés pour promouvoir une approche plus durable de l’immobilier », indique Flore Pradère.

Loin d’être anecdotique, l’immobilier sera donc déterminant dans le succès des stratégies RSE des entreprises pour les années à venir. Il leur permettra de démontrer leur capacité à avoir un impact positif sur l’écosystème urbain dans lesquelles elles font le choix d’implanter leurs bureaux, à condition, bien sûr, de prendre les bonnes décisions en 2023.